Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 45

s’effectua dans la presqu'île de Quiberon, sous la conduite du général d'Hervilli. Les chouans Pavaient d’avance favorisée par une prise d'armes qui avait forcé les postes républicains à se replier jusqu’à la proximité de Rennes. Les émigrés s’avancèrent, entrèrent dans la ville d’Aurai, qu’ils trouvèrent abandonnée; assiégèrent le fort Penthièvre, et furent secondés dans cette attaque par la flotte anglaise, dont le feu contraignit bientôt les assiégés à se rendre. La garnison, qui n’était que de quatre cents hommes, fut faite prisonnière et transportée sur l’escadre anglaise. De nouveaux renforts, de nouveaux secours de vivres arrivèrent aux émigrés; mais cinq ou six jours suflirent pour ralentir la première impétuosité de leur mouvement. Rien n’était plus difficile que de combiner la marche de leurs troupes réglées avec celle des chouans, qui ne savaient pas encore se présenter en bataille, et qui ne connaissaient que les embuscades. L'inaction des troupes républicaines leur paraissait suspecte , et, perdant le moment de les inquiéter par l'audace et la diversité de leurs attaques, ils reçurent le trouble qu'ils auraient pu donner. Ils n’osèrent s'éloigner des vaisseaux anglais.

La convention, ou plutôt son comité de salut public ne

s'était que faiblement ému au bruit de l’expédition projetée

ar l'Angleterre. Le comité de salut public avait nommé un général , et lui avait presque laissé le soin de créer une armée. Ce choix était d’un autre genre que celui de tant d'hommes ineptes et féroces qui avaient été revêtus, pour leur ignominie et pour les désastres de la France, du titre de généraux de la Vendée. Celui-ci était un jéune héros vainqueur du duc de Brunswick, et qui avait balancé la gloire de Pichegru dans un des faits d'armes les plus éclatans de la guerre. Hoche commandait les troupes républicaines dans les départemens de l'Ouest. Pendant qu’il observait les desseins et les forces des émigrés, quelques renforts lui arrivèrent. Déjà il avait resserré l'ennemi dans la presqu'île de Quiberon, lorsque Tallien parut. Ce commissaire de la convention avait tout frappé de réquisition sur son passage , et déjà la population des villes était armée; celle des campagnes était plus contenue. Les émigrés étaient fortement retranchés et protégés par le fort Penthièvre.

Ils essayèrent quelques sorties qui leur furent fatales. Ils y perdirent une partie considérable de leür artillerie. Leur général d’'Hervilli y fut blessé. Les chouans porièrent dans ces actions un désordre et une indiscipline qui les rendaient des alliés très-incommodes. Un grand nombre d’entre eux prirent le parti de se séparer des émigrés, et de se livrer à la seule guerre qui leur convinte