Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. &£

Sardaigne l’implore. Bonaparte s’en défend , le fait désirer encore davantage, y met un prix, et ce Prix, c'est l’occupation des principales forteresses du Piémont qu’il ne possède point encore : Coni, Exilles, Suze , le château Dauphin, Tortone et Alexandrie. Le roi de Sardaigne paraît heureux de ce qu'on lui conserve encore Turin. IL accepte ces conditions; il en sentira tout le poids. Cet armistice fut un traité auquel le directoire n’eut plus à donner que des formes diplomatiques , et, de tous les traités qu'avait conclus la France depuis plus d’un siècle, le plus avantageux. Les républicains français n’avaient encore célébré dans leurs: triomphes militaires que la gloire de leurs armées; ils affectaient d’y voir peu, et sur-tout ils n’y voyaient pas longtemps celle de leurs généraux. Bonaparte venait de les frapper d’un tout autre éclat. Le directoire s’applaudissait des. victoires de Montenotte, de Millesimo, de Mondovi, parce qu’il leur devait un lustre momentané. La paix de Turin attirait sur-tout l’attention des hommes exercés. aux conjectures politiques : l’on vit qu’un général jeune, actif et prudent, trouvait dans son génie plus d’une manière de changer le destin des nations. Les traits brillans, que, seul entre les généraux français, Bonaparte osait prodiguer dans les relations de ses victoires, devinrent populaires. Il allait marcher à une seconde conquête, celle de la Lombardie. Il n'eut rien à demander au gouveïnement français pour la commencer; l’armée d'Italie était plutôt.celle de Bonaparte que celle du directoire.

Le général Beaulieu, campé loin de Turin, pressait la marche de tous les corps autrichiens, napolitains , romains, qui pouvaient lui former une armée nouvelle. Il se flattait de pouvoir défendre contre Bonaparte le passage du grand fleuve de l'Italie. Tout ce que l’art de la guerre peut em ployer pour pénétrer les desseins de l’enuemi, il l'avait mis en usage pour s'assurer du lieu où Bonaparte devait passer le Pô. C'était à Valenze; tout le disait, tout le confirmait à Beaulieu. Bonaparte s'était assuré de cette place par l'armistice : elle a une forteresse qui domine le Pô. Toutes les divisions de l’armée française paraissaient. se diriger vers Valenze. Des transfuges accueillis sans défiance par Beaulieu lui rendaient compte de tous ces mouvemens; et cependant 15 cents hommes de troupes légères et 5 mille grenadiers s'avançaient avec rapidité vers une rive du Pà fort éloignée. Ils sont vis-à-vis de Plaisance; ils se sont assurés d’un grand nombre de bateaux. Là, nulle batterie ne défend l'accès du fleuve; seulement deux escadrons de hussards avaient été attirés vers Plaisance, sur la rumeur

3° IX,