Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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sema de tous côtés l’épouvante, la fuite et la mort ; dans un clin-d’œil l’armée ennemie fut éparpillée. Les généraux Rusca, Augereau et Bayraud, passèrent, dès l’arrivée de leurs divisions, et achevèrent de décider de la victoire.

» La cavalerie passa l'Adda à un gué ; mais ce gué s’étant trouvé extrêmement mauvais, elle éprouva beaucoup de retard, ce qui l'empêcha de donner. La cavalerie ennemie essaya, pour protéger la retraite de son infanterie de charger nos troupes ; mais elle ne les trouva pas faciles à épouvanter. La nuit qui survint et l’extrême fatigue des troupes, dont plusieurs avaient fait dans la journée plus de dix lieues, ne nous permirent pas de nous acharner à la poursuite des Autrichiens. L'ennemi a perdu vingt pièces de canon et deux à trois mille morts.

» Si j'étais tenu de nommer tous les militaires qui se sont distingués dans cette journée extraordinaire , je serais obligé de nommer tous les carabiniers et grenadiers de l'avant-garde et presque tous les officiers de l'état-major; Mais je ne dois pas oublier l'intrépide Berthier, qui a été dans cette journée canonnier , cavalier et grenadier.

» Beaulieu fuit avec les débris dé son armée ; il traverse dans ce moment les états de Venise ; dont plusieurs villes lui ont fermé les portes.

» Quoique, depuis le commencement de la campagne , nous ayons eu des affaires très-chaudes , et qu’il ait fallu que l’armée de la république payât souvent d’audace, aucune cependant n’approche du terrible passage du pont de Lodi. » \

Le Milanais, si cher et si funeste à deux de nos rois chevaliers, fut le prix de la glorieuse bataille de Lodi. Beaulieu ne vit plus de refuge pour son armée que sous les remparts de Mantoue. Il s’en approcha en combattant toujours une avant-garde dont les attaques impétueuses

‘ dérangeaient toutes les combinaisons de sa retraite, Il osa à peine disputer le passage de l'Oglio : celui du Mincio donna lieu à un nouveau combat, digne des héros de Lodi; le général Gardanne avait passé cette rivière à la tête de cinquante grenadiers. Telle fut la rapidité de tant de victoires, qu’elles avaient conduit en peu de jours les Français jusqu’à Vérone, Cependant le cabinet de Vienne avait songé à donner à Beaulieu un successeur dont le vom ne rappelât point une telle suite de défaites. Wurmser s’ayançait pour le remplacer et pour confondre les dé bris de son armée dans une armée nouvelle : Wuarmser avait éprouvé sur le Rhin lune et l’autre fortune: La cour d'Autriche n’osait plus se confier qu'à la prudence