Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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» Muséum de Paris de plus de trois cents objets, chefs» d'œuvre de l’ancienne et de la nouvelle Italie, et qu'il » a fallu trente siècles pour produire, »

Un tel général pouvait demander à une telle armée, après la conquête de l'Italie, celle du plus puissant empire de l’Al lemagne. Il va l’entreprendre. Mais il est temps de rendre compte de la brillante et infructueuse tentative que deux armées françaises avaient faite sur d’autres points pour s’approcher du centre de l’Autriche. Je reviendrai ensuite à Bonaparte , et je ne terminerai point ce livre sans avoir présenté l’Autriche soumise, la coalition rompue, et Bonaparte pacificateur. Pressons notre marche : l'imagination se précipite vers un tel denouement dès qu’il est annoncé.

L’armistice que le général Pichegru avait conclu sur les bords du Rhin avec l’armée autrichienne , n’avait point encore été rompu, lorsque Bonaparte préludait déjà, par les brillantes victoires de Millesimo et de Lodi , à la conquête de L'Italie entière. Le cabinet de Vienne paraissait avoir le plus grand intérêt à maintenir une trève qui lui laissait les moyens de faire succéder une nouvelle armée à celle de Beaulieu , tant de fois vaincu. Ce fut cependant ce cabinet qui rompit l’armistice du Rhin. L’Angleterre ve l'avait point approuvé. L’Autriche , assez épuisée pour avoir besoin des subsides de cette puissance , assez vaine encore pour chercher à en déguiser l’humiliation sous le titre d’emprunt, ne pouvait le payer que par le sang de ses soldats. Le baron de Thugut avait habitué la cour, et sur-tout l'impératrice , à se prêter à la violence de ses résolutions. Il vantait la victoire par laquelle Clairfait avait délivré Mayence et l'Allemagne, et en même temps il accablait ce général de reproches, pour avoir conclu un armistice qui posait un terme si prompt à ses succès. Clairfait ne put résister à cette ingratitude; il donua sa démission. Il fut remplacé par un jeune prince d’une santé faible et d’une ame héroïque ; c'était l’archiduc Charles. Son armée et celle que commandait le feld-maréchal comte de Wurmser sur le Haut-Rhin s'étaient plus que doublées à la faveur de l'armistice.

Le directoire avait eu la même vigilance. Il lui suffisait d’effrayer par quelques lois les réquisionnaires déseriteurs pour remetire ses armées dans un état imposant. Au récit des merveilles de l’armée d'Italie , celles du Rhin et de Sambre et Meuse s’indignaient de leur inaction , des revers que six mois auparavant elles avaient éprouvés; n’en recherchaient pas les causes , en demandaient la vengeance. Le directeur Carnot, aidé du même conseil de guerre qui, dans

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