Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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triche , qui , au dix-septième siècle , avait soutenu pendant trente ans une guerre presque toujours désastreuse , plutôt que de souscrire à un traité humiliant, pouvait-elle à-lafois se voir chassée de la rive gauche du Rhin et de VI talie ? Le directoire de la république française craignait pour sa domination, encore mal affermie , le retour des armées, celui des généraux , et sur-tout celui de Bonaparte : il craignait les lois douces qui suivent la paix, et qui lui parais saient insuffisantes pour contenir les nombreux ennemis de la république. Mais il y avait en Europe un homme fortement ému du désir de la paix: c'était Bonaparte. Seul entre d’illustres généraux il était resté triomphant à la fin de la plus glorieuse campagne. Il avait acquis une suprématie militaire qui devait subordonner à tous ses mouvemens ceux des autres généraux , et les plans même du directoire, Le nombre des traités qu'il avait donnés à signer au directoire égalait celui des souverains de lItalie : il voulait la paix. 11 marcha sur Vienne.

Rien ne put le détourner de ce projet, ni Rome, dont il avait éprouvé trois fois la perfidie, ni Naples , ni même Venise , qui lui faisaient craindre des soulèvemens et des prises d'armes plus redoutables, Je ne le suivrai point dans la ra-. pide expédition qu'après la prise de Mantoue il ft dans la Romagne. On eût dit qu’il ne s'était approché de la capitale du monde chrétien que pour montrer une modération plus magnanime, en s’arrêtant. Le général d’une république où lon venait de faire une révolte impétueuse contre le catholicisme tint une conduite bien opposée à celle de CharlesQuint, cet inflexible persécuteur des ennemis de l'église , qui saccagea Rome et fit le pape prisonnier. Bonaparte s’éloigna de cette ville, où deux jours de marche pouvaient le conduire, et maintint Pie VI sur le trône pontifical. I] montra , à son retour , de lintérêt à la petite république de Saint-Marin, qui n’a qu’un seul titre de recommandation , c’est qu’elle n’a jamais rien fourni à l'histoire, Il visita les champs qu'avait cultivés Virgile , dans le village aujourd’hui nommé Pétiole, et qu'avait protégés Auguste. Il fit des libéralités aux habitans de ce hameau.

L'armée d’ltalie avait recu le seul renfort imposant qui se fût joint à elle depuis le cour de ses conquêtes. Le général Bernadotte venait d’arriver avec une partie de l’armée de Sambre et Meuse : l'armistice du Rhin avait permis ce grand mouvement. Les Autrichiens l'avaient imité. L'archiduc Charles venait de former une cinquième armée autrichienne en Italie avec l'élite des troupes qu'il avait opposées aux généraux Jourdan et Moreau, et avec des leyées faites à la