Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF: 121 atteint le rivage et qu’on y gagne du terrain pied à pied. Les braves généraux qui conduisent les colonnes, Duhesme et Dessaigne, sont blessés. Desaix, qui défendit si glorieusement Kell, y rentre par les mêmes barrières qu'il fat forcé d'abandonner à l’ennemi.

La nouvelle des préliminaires de paix signés à Léoben vient arrêter les progrès des deux armées. L’humanité eut à gémir de ce que cette nouvelle ne vint pas plutôt arracher aux Français l’occasion de remporter des victoires qui n'étaient plus nécessaires.

Des événemens moins prospères qui s'étaient passés en Italie pendant que $e traitait, et même après que fut conclue la convention de Léoben, appelaient le génie réparateur de Bonaparte. Ils eurent une grande influence sur un traité de paix qui fut postérieur de cinq mois à la signature des préliminaires. Expliquons comment Venise en devint le gage, et comment cette république expia une neutralité qu’elle avait fini par rendre perfide.

En laissant occuper son territoire par trois armées autrichiennes , le sénat de Venise s'était exposé à toutes les représailles des vainqueurs. Il avait dédaigné ses propres troupes, qui en effet étaient assez méprisables , suivant le témoignage de l’histoire des trois derniers siècles, mais qui enfin auraient pu être portées au nombre de cinquante mille hommes. I] n'avait armé que quinze mille Esclavons. Depuis que Bonaparte s’était emparé de toute la Terre-Ferme, cette milice était rassemblée autour des Lagunes, et paraissait n'avoir d’autre objet que de défendre la capitale. À mesure que les Francais s’éloignaient, par leurs conquêtes en Allemagne , du territoire de Venise, le sénat, qui ne calculait que la témérité de leur entreprise, s’habitua à croire à leur défaite, et concut la pensée de leur fermer le retour en l'Italie. Un soulèvement général des provinces vénitiennes contre les Francais avait été commandé , non avec les formes directes de l'autorité mais avec les précautions d’un complot. Bientot le tocsin retentit dans toutes les campagnes. Quarante mille paysans prirent des armes que le fanatisme avait bénies. Ils s’élancent, tout est prêt pour des vêpres siciliennes. Mais dans Vicence, dans Padoue, dans Bergame, des hordes d'assassins reculent devant des poignées de soldats ; leurs fureurs ne peuvent s’assouvir que sur ceux qui marchent dans la campagne. Ils trouvent à Vérone un champ plus libre pour le massacre. Les Français y sont surpris, frappés avant de de s'être ralliés sous leurs chefs. Les meurtriers entrent dans les hôpitaux; et le guerrier blessé, celui qui vient de recevoir les douloureux secours de Part , celui qui n'attend plus

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