Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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D'Aguesseau, dans le siècle suivant, s'éleva aus rang où l'Hôpital s’étoit jadis élevé, et il dispute encore à ce grand homme la gloire d’avoir été le premier des magistrats François. Inspirés par lui, d’autres firent faire quelques progrès à la jurisprudence, et y ramenèrent ce choix, cet ordre ; cette méthode, dont les esprits médiocres sentent mal le prix, et que les esprits supérieurs peuvent seuls trouver. Enfin Montesquieu parut : son génie avoit approfondi toutes les parties de Ia législation; il avoit posé les principes et signalé les erreurs. Le mouvement donné par lui se communiqua bientôt à tous les esprits, à tous les peuples; les vices de Ia jurisprudence criminelle furent attaquésles premiers, et ils le furent d’une extrémité de l’Europe à l'autre. Quelques monarques s'occupèrent de la réformer : on distingua parmi eux Joseph et Léopold ; une princesse illustre, l'impératrice de Russie, composa ellemême, des ouvrages de Montesquieu et de ses disciples, les instructions offertes à la commission chargée de donner un code plus juste à son empire. L'impulsion fut moins rapide en France, quoiqu'elle eût été l'ouvrage d’un écrivain François. Des opinions exagérées sy combattirent en s'exagérant toujours davantage. Tandis que quelques hommes excédoient toutes les mesures,