Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LOUIS XVIII ET CHARETTE. 243

Malheureusement pour Louis XVIII, Charette était sans relations ni moyens de correspondance avec l'Espagne. Il n’en avait pas davantage avec l'Angleterre, depuis qu’elle avait débarqué en Bretagne des munitions et des armes. Le désastre de Quiberon avait arrêté ces envois. Quant à Monsieur, c'est en vain qu'on l'avait espéfé: il n’avait pas paru et continuait à ne pas paraître.

« Cependant, mandait Charette au roi le 28 septembre, j'ai reçu, il y a huit jours, un envoyé de Monsieur qui m'a fait l'honneur de m'écrire qu'il était parti sur l'escadre anglaise et prêt à descendre sur nos côtes; il a la bonté de me témoigner le plus vif désir de se joindre à nous. Nous attendons ce moment avec une joie inexprimable, mais quelquefois altérée par la crainte que nous inspirent les lenteurs peut-être méditées que les Anglais apportent à effectuer son débarquement. En effet, l’escadre qui borde nos côtes ne fait que louvoyer et tirailler sur les différents postes et ports qu'occupent les rebelles, ce qui les inquiète et fait descendre journellement des forces considérables sur la côte. Cependant, le temps presse, la saison s’avance, la mer va devenir de jour et jour plus impraticable; nos côtes hérissées d'écueils ne