Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LOUIS XVII ET. CHARETTE. : 245

les esprits et les opinions diversement agités n’offrent encore aucun résultat prépondérant. J'ai supplié comme je supplie encore Votre Majesté de suspendre son grand courage jusqu’au moment où l'opinion publique, plus progressive peut-être en ce moment que ne pourrait l'être la force des armes, aura dissipé l'illusion et reconquis à Votre Majesté les cœurs de cette nombreuse portion de ses sujets qui n’ont pu cesser de lui être fidèles, mais que la crainte, la faiblesse, la pusillanimité ont retenus et retiennent encore parmi les rebelles, faute d’un point de ralliement et d’un centre de force, qui les mettrait à couvert de la proscription et du glaive des assassins; jusqu’au moment, enfin, où votre auguste frère, marchant à la tête de vos fidèles sujets, faisant connaître à tous les Français craintifs et timides votre clémence et vos bontés par les siennes propres, vous aura ouvert une carrière de gloire et de triomphes moins périlleux.

Mais, sire, s’il est vrai que la politique P cours étrangères fut de vous refuser l’appui etla protection que vos malheurs et leur propre intérêt sollicitent si impérieusement; s’il nous était réservé de vous voir si cruellement abandonné après tant de

vaines agitations, alors, sire, venez avec confiance