Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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éclairent l'histoire sur les agissements de certains hommes puissants de cette époque. C’est par les détails précis qu’on connaît bien les hommes qui ont joué un grand rôle. Antérieurement on n’avait pas craint d’accuser des généraux de la plus haute probité de concus-sions et de rapines.

Hoche même n'avait pas été respecté, non plus que Marceau. Mais les faits, le relevé de leur succession, de leur garde-robe même prouvent combien ces hommes avaient droit à l’estime et au respect.

Rouget les connaissait et les appréciait comme il appréciait Joubert. Sa franchise dans sa correspondance est un garant de ses pensées profondément honnêtes.

Elles font trop d'honneur à la loyauté de l’homme honnôte et juste dont nous retraçons la vie. Il fut la victime de sa loyauté audacieuse : il n’en doit que paraître plus grand aujourd’hui que tous les hommes qu'il a voulu éclairer ou qu’il a flétris sont morts depuis longtemps. L'époque de la vie de Rouget à laquelle nous touchons est bien la période la plus heureuse de son existence, quoiqu'il n’eût aucune fonction bien assise. S’occupant des affaires bataves, il en touchait des indemnités, comme il en avait certainement reçu pour sa mission en Espagne. Mais toujours dévoué pour les siens, il ne fit pour lui-même aucune réserve. Il envoyait à sa mère six mille francs d’un coup pour l'aider à régler des affaires d'intérêt; on avait agrandi le domaine paternel sans en payer comptant la totalité et cette imprudence causa plus tard bien des soucis à notre poète.

Indépendamment de cette somme il en envoya de moins importantes, le total en monte au moins à une douzaine de mille francs. Son frère, qui en envoyait de son côlé, prenait bien des précautions pour pouvoir en