Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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donnera une impulsion nouvelle aux idées. L’ambition d'un homme sera substituée à l’enthousiasme national. Et bientôt la pourpre impériale l’aura étouffé sous le manteau de la gloire et sous le poids des couronnes guerrières. Mars et Bellone envahiront les camps et les chants des soldats ne loucront plus que le dieu de la guerre et du carnage.
On a dit avec raison que par l’histoire de la chanson on pouvait faire l’histoire de France. En 1801, la Marseillaise ne fait plus partie du programme du 14 juillet. L'étoile républicaine avait pâli. Le soleil se levait du côté de la Corse; presque tous les hommes politiques s’inclinaient devant lui. On comprendra facilement que les lettres de Rouget de Lisle à Bonaparte n'avaient pas été bien accueillies. Et la tourbe des courtisans n'allait pas se rapprocher d’un homme qui avait osé rester luimême, c’est-à-dire droit et honnête de cœur. Du reste, nous savons par ce qui précède à quoi nous en tenir.
La Marseillaise, comme un volean éteint et comprimé, ne se trahit par aucune manifestation tant que dura le règne de Napoléon et des Bourbons. Mais les fameuses ordonnances signées, la Révolution de 1830 éclate. Casimir Delavigne fait la Parisienne. Mais la Marseillaise n’est point éclipsée par elle, et de nouveau le volcan lance ses flammes et brise ses soupapes, toutes les fois que la liberté est menacée. Au lieu de la République la bourgeoisie, maîtresse en Juillet, donne à la France la royauté conslitutionnelle avec les déceptions qu’elle apporte, les émeutes qu’elle fait naître et la corruption égoïste qu’elle favorise.
Pour être dans le vrai, les gouvernements doivent préter l'oreille plus qu’ils ne le font aux revendications populaires. La Chambre des satisfaits nous a conduits à la Révolution de Février. Le gouvernement républicain, par