Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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La foi porte un bandeau, mais la raison, pour croire, Veut sentir ou toucher, repousse l’illusoire.

Le doute est plus logique. Aucun mort revenu

N’a pu nous renseigner sur ce point inconnu. Vivons donc sagement, sans terreur, sans tristesse; On le peut, on le doit en cherchant la sagesse. Pour nous guider jugeons par des comparaisons; L'histoire du passé nous fournit des leçons; L'histoire va sonder tombeaux ou cimetières,

Les exemples humains lui prêtent des lumières.

— Or, plein de ces pensers graves et sérieux, Sondant tout à la fois et la terre et les cieux, Cherchant pour mon esprit réponse qui lui plaise Je promenais mes pas dans le Père Lachaise.

— Par un temps calme et pur, avez-vous, par hasard, Du pied de sa chapelle étendu le regard

Sur l'immense Paris et vu, par la pensée,

La fièvre de la foule en son sein condensée ? Avez-vous réfléchi sur ses agissements ?

Tout y grouille à la fois, les plus bas sentiments, L’ésoisme, l’orgueil, la honte, la colère, L’ambition que rien ne saurait satisfaire :

Sous des habits dorés des cœurs faux et méchants, Parfois sous des haillons des cœurs riches et grands, Mais partout le finaud allant, coûte que coûte, Écrasant ou rampant pour se frayer la route; Obtenant par faveur des places ou des croix, Mentant pour parvenir ou mendiant des voix :

De ces hommes enfin que la fortune embauche.

— Je quittai la chapelle et descendis à gauche, Chargeant de mon dédain tout ce monde avili, Quand je vois tout à coup le nom de Marchangy.

« Un serpent (Dieu! ce mot me rappelle « Marchangy qui rampa vingt ans),

1. Le tombeau de Marchangy se trouve dans le cimetière du Père Lachaise, le premier à gauche, quand on descend vers la porte d'entrée, en partant de la chapelle et en la laissant derrière soi à droite, C'est une colonne brisée.