Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

autre chien à fouetter. Mon cher ami, les embarras se succèdent dans le monde; et, sans souffrir autant que vous, on peut avoir beaucoup à souffrir.

« Adieu. Du courage s’il est possible, et un peu de santé, s'il plaît à Dieu. »

Neuf jours après cette lettre, Béranger recevait de M. Guillebert, receveur de l'enregistrement, un billet doux par lequel il le priait d’avoir à payer à son bureau, dans le courant de la semaine suivante, la somme de 11,090 fr. 48 c. pour l'amende et les frais auxquels il avait été condamné par jugement du 10 décembre précédent. On le menaçait même d’agir par voie judiciaire et contrainte.

Ces tribulations n’empéchaient point notre chansonnier de s’oceuper de toutes les personnes qui avaient besoin de lui, particulièrement les hommes de lettres malheureux, et Rouget était de ce nombre.

Dans les premiers mois de 1830, Rouget fit une chute : € .… soignez-vous bien, lui écrit Béranger, et dorénavant regardez mieux où vous mettez le pied; » et plus loin : « … j'ai lu votre opéra; il me semble trop bien fait, trop bien écrit, trop bien pensé. La lecture m'a fait un vrai plaisir. Je n’ai qu’une critique à faire. Je trouve qu'Othello devient jaloux trop subitement; il me semble qu'un chant où il eût repoussé ce sentiment par de tendres souvenirs, mais où, presque par refrains, la jalousie se füt fait entendre comme malgré lui, eût été mieux en situation et eût surtout fourni au musicien un motif plus original.

« Je vous soumets l'observation, faites-en le cas qu’elle mérite.

« Présentez mes respectueuses amitiés à M. le général Blein. »