Six lettres inédites de Gustaf Mauritz Armfelt à Francis d'Ivernois
B VILL: Lettres de G. M. Armfelt 21
tions d’un instant à l’autre. — Cependant il a bien et érès bien organisé son armée, et outre les divisions qui se trouvent dans la Capitale, en Finlande, en Turquie, ou contre les Turcs, sur le Caucase et les frontières de la Perse, il y a 19 Divisions de Trouppes réglées en Polognes, munis de tous leurs besoins, et dont les reserves, le recrutement et les depôts sont parfaitement en ordre. Je puis affirmér la verité de ceci, ayant pris des informations exactes sur cet objet, après que l'Empereur m’avoit montré le Tableau de son Etat Militaire. Il faut observer que chaque Division consiste de 15 000 hommes armés. Cette armée de Pologne n’est pas une plaisanterie quand on sait en tirer parti. Les finances et la guerre contre les Turcs sont des cançers qui rongent invisiblement la Russie dans ce moment-ci; le rétablissement du commerce retireroit ces punaises, mais, sans avoir la paix avec les Turcs et les Perses, on ne se croit pas en force pour soutenir une démarche comme celle d'ouvrir ses Ports au commerce. On a fait tout pour s'arranger avec les Turcs, il y a 6 semaines, mais à mesure que le General Kutusoff, qui avoit des instructions secrettes de l'Empereur, se relachoit sur les pretentions, les Turcs les augmentèrent. On y a clairement réconnu l'amitié de Bonaparte, mais cela ne sert qu’à augmenter la méfiance, sans hâter les mésures efficaces qu’exigeroient des procedés pareils.
L'espèce de guerre qui existe entre l'Angleterre et la Russie n’avoit pas la forme d’une guerre avant que les Barcasses des Anglois ont jugé apropos de ruiner les habitans de cette pau- : vre Finlande, qui font un petit commerce sur la Suède avec des bois, de la betail, du beurre, etc, etc. Les paysans qui font ce commerce ont été traités comme s'ils étoient tous des Romanzoîffs, et pis encore, puisque c’est la première fois que j'ai vûs des Anglois faire du mal pour le plaisir de le faire, en jettant à la mer les objets dont ils ne pouvoient pas se servir. — Les pauvres finois qui jusqu'ici avoient imaginés qu’il n'y avoit que le Russe et le François de mechant, sont bien étonnés de voir la Nation réconnue la plus généreuse agir comme des Barbares, et avec qui? — Quelques milliers de Liv. St. sont cependant tout l’avan-