Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
SIG LE
son frère, cachant un billet qui m'était destiné. Grande fut la fureur du jeune homme, qui me voyait déjà enlevant sa sœur, comme aurait pu le faire un paladin du XVIwe siècle. Je réfléchis un moment sur ce que j'avais à faire, lorsque je rencontrai Mie de M..., qui me dit, en passant rapidement : « Soyez sur vos gardes! » Je compris que, dans un pays où la vengeance est aussi cruelle qu’expéditive, je ferais bien de me tenir sur le qui vive. Aussi pris-je mes précautions pour la nuit. J'avais avec moi un excellent chien d’arrêt : je le fis Coucher au pied de mon lit, et je m’endormis sans trop d'inquiétude, lorsqu’àuneheure avancée, mon chien se précipita tout à coup avec fureur contre la porte de la chambre. J’entendis distinctement un bruit de pas qui s’éloignait, et je compris alors pourquoi Mie de M... m’avait averti. Le moment était venu de mettre un terme à une amourette qui pouvait finir par une tragédie; aussi, dès le lendemain, je me rendis chez le colonel, à qui je confiai en partie ma mésaventure, et je quittai, non sans de vifs regrets, la maison hospitalière où j'avais passé de si doux moments. L’incident final me prouvait seulement qu’il fallait plus de