Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
complétement; la malpropreté y paraissait endémique ; les mets étaient servis dans de grands plats, où chacun puisait comme il l’entendait, et la plupart du temps avec les doigts. Dans les villages, c'était pis encore. Là, hommes, femmes, enfants, vivaient pêle-mêle avec les moutons et les porcs.
La nourriture de ces pauvres gens n’était très souvent que des herbages verts. Jamais misère ne me parut plus anormale, car le sol est riche. Les moines etles couvents pullulaient en Espagne; c'était surtout à Salamanque que j'avais été frappé de cette multitude d'individus adonnés au dolce far niente de la vie ascétique.
Nous nous remimes un peu de nos fatigues pendant la nuit, et, dès le matin, nous entrions sur le territoire portugais, où nous fûmes bientôt arrêtés par une rivière, assez profonde, qui porte le nom de Segusa, nom qui est aussi Celui d’un village du voisinage. La division fut obligée de traverser la rivière sur un bateau, 30 hommes. par 30 hommes, ce qui dura depuis 6 heures du matin jusqu’à 9 heures du soir, moment où notre arrière-garde passa. Comme troupe étrangère, nous étions toujours à la gauche de la division.