Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
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peine à traverser, car ces passages devaient toujours se faire à gué, et, peu de temps auparavant, six malheureux dragons français s’y étaient noyés. Après le torrent vint une montagne assez élevée : autre difficulté. L’artillerie espagnole avait mis deux jours pour la vaincre. L’artillerie française de notre division la franchit de même fort lentement. Il est impossible de se faire une idée des montagnes du Beira, et je ne sais trop comment l'artillerie de gros calibre a jamais passé par là. Du reste, bon nombre de chevaux périrent.
Nous arrivämes enfin à Abrantès. Pour faire les douze lieues qui séparent Castel-Branco d’Abrantès, nous étions restés quatorze jours en route, y compris le temps que nous passimes dans deux villages pour nous ÿ reposer.
Pendant cette terrible route de Castel-Branco à Abrantès, je fis un peu de tous les métiers ; je fus tour à tour chef de parti, pour nous procurer des vivres, boucher, boulanger, et enfin cuisinier. Je faisais tout cela pour prouver à nos soldats qu’il faut, en campagne , savoir se plier à tout. Je me suis souvent demandé comment j’avais pu Supporter tant de fatigues et de privations avec autant de patience et de gaieté.