Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
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combattants de l’armée, et, à ce titre, nos ennemis surent honorer notre passé. Arrivés à Lisbonne, le 6 octobre, nous nous embarquâmes, le 7 au matin, à bord des navires qui nous étaient destinés pour passer en France.
Autant nous pouvions nous louer des troupes de terre de l’armée anglaise, autant nous eûmes à nous plaindre des marins. Entassés sur de mauvais navires, manquant de vivres et d’eau, cette misérable situation dura deux mois, et notre sort ressemblait à celui des malheureux prisonniers jetés dans les pontons de Cadix. Nous eûmes beau réclamer contre cette inhumanité et cette infraction aux traités. Les généraux de terre répondaient que leur pouvoir cessait à bord des navires. Tout cela n’était pas fort consolant. Chaque nuit on faisait encore des tentatives pour engager les Suisses à la désertion; mais, je dois le déclarer à la louange des Vaudois, sur les deux cents hommes du canton qui se trouvaient avec moi, pas un seul ne se laissa volontairement séduire. C'était beaucoup, lorsqu’on pense aux misères que nous devions subir. Pour en finir avec l’enlèvement de nos hommes, le colonel Girod déclara qu’il ferait feu sur le premier embaucheur qui