Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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deux et regagne la queue de notre cavalerie, qui déjà était au galop au loin pour rejoindre nos lignes. Crabet atteint la route près de la HayeSainte. Au même instant, une colonne de cavalerie, envoyée pour nous soutenir, descend la route que nous remontons, nous barrant ainsi le passage. Tout à coup, la tête de colonne s'arrête et la cavalerie ennemie fond sur nos derrières; nos cavaliers se pressent les uns sur les autres dans le passage encaissé, à tel point que les hommes ne peuvent faire un mouvement pour se défendre. J'entends seulement le cliquetis des sabres qui pénètrent sous les cuirasses des cavaliers : l’ennemi fait un carnage épouvantable. Mais le général Colbert, commandant la cavalerie venue à notre rencontre, prend les escadrons qui ne sont pas engagés dans le défilé, puis, faisant le tour du mamelon qui nous enserre, il fond à l’improviste sur l'ennemi et enferme dans le passage, en les taillant en pièces, les cavaliers qui s'étaient précipités sur nous. C’est ainsi que nous fûmes dégagés. Je dus à la vitesse de mon cheval d’avoir regagné la queue de la colonne de Crabet assez à temps pour laisser encore derrière moi plus de deux cents cuirassiers, qui furent massacrés : leurs chevaux formèrent une barrière qui empêcha l’ennemi de parvenir jusqu’à nous. Un officier anglais qui se trouvait à quatre pas de moi, ayant été tué dans la mélée, je pris son cheval, qui me servit pendant le reste de la bataille.