Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
316 SOUVENIRS D’OCTAVE LEVAVASSEUR
venir. À sa question si j'étais parent ou allié du maréchal Ney, j'avais répondu que celui-ci m'avait tenu lieu de père depuis la perte du mien et qu'en conséquence je ne déposerais qu'autant que le prince de la Moskowa le jugerait convenable. Bien des fois depuis, je me suis reproché cette démarche, car, dans ma conviction, j'aurais défendu mon maréchal, peut-être avec quelque succès. Je connaissais l'amour ardent qui l’enflammait pour la patrie et le fanatisme dont il faisait preuve pour elle.
Quoi qu’il en soit, combien on doit regretter que le maréchal, par un faux sentiment d'honneur, ait décliné une juridiction militaire. Jugé par ses véritables pairs, tous soldats, et, pour la plupart, ses compagnons de gloire, sa précieuse vie n’aurait couru aucun danger.
Le conseil de guerre était ainsi composé :
Juges : les maréchaux Jourdan, Masséna, Augereau et Mortier; les lieutenants-généraux Villatte, Claparède et Gazan. Commissaire du roi : Joinville, ordonnateur de la 4° division. Rapporteur : Gründler, maréchal de camp; greffier : Boudin.
Le conseil de guerre se déclara incompétent, et le maréchal ne tarda pas à être renvoyé devant la Chambre des pairs (1).
(4) Le conseil de guerre se déclara incompétent, au grand mécontentement de Louis XVIII, en se fondant sur la qualité de pair de France du maréchal (9 novembre). — Le procès devant
la Chambre des pairs ne commença que le 21 novembre, puis, après trois séances, fut ajourné au 4 décembre. (Note de l'éditeur.)