Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 37

choisis dans les écuries autrichiennes. Je retournai ensuite à ma batterie où le lieutenant Eléna ne me demanda même pas compte de mon absence.

En quittant Ulm, notre corps d'armée se dirigea vers Munich, où il arriva le 23 octobre. Après différentes marches, nous retrouvâmes l'ennemi le 1* novembre à Ebersberg, derrière la Traun (1). Un pont, long de deux cents toises, nous séparait de la ville; deux arches étaient coupées du côté de l'ennemi. Je mis de suite mes pièces en batterie à droite et à gauche du pont, et je fis ouvrir le feu sur la ville par la porte qui se trouvait en face. Après une canonnade d’une heure, l'ennemi quitta la place pour se porter sur les hauteurs, où il se tint en observation; mais notre tâche n’était pas remplie : la coupure des arches rendant le pont impraticable, il fallait le rétablir. Pour obtenir ce résultat, le général Walther demanda des hommes de bonne volonté pour aller chercher des barques, qui se trouvaient de l’autre côté de la rivière. Les dragons, plus habitués à manœuvrer leurs chevaux qu'une petite nacelle, ne purent lütter contre le courant et, à la vue de l’ennemi qui s’était rappro-

(1) C'était une arrière-garde de Kutuzow qui, après avoir renoncé à défendre la ligne de l’Inn, abandonnait celle de la Traun. Les divers corps de la Grande Armée allaient aborder le passage sur trois colonnes, couvertes par la cavalerie de Murat, la colonne de gauche se portant sur Ebersberg à la suite de la division de dragons Walther, celle du centre sur Wels, celle de droite sur Lambach. (Note de l'éditeur.)