Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 65
Moissel. On me plaça chez le prince de Lichtenstein dans un palais magnifique, où la princesse, jeune et belle, voulut bien m’accueillir et panser elle-même ma blessure. Entouré de prévenances de toute espèce, j’oubliai ainsi mes douleurs pendant six jours, lorsque après cet intervalle arriva un officier supérieur, aide de camp du général Songis, qui précédait toute l’armée, revenant d’Austerlitz. Lé général Songis était grand maître de l'artillerie (1). L'aide de camp déclara que mon palais était celui du grand maître et non celui du général Moïssel et qu'il fallait, en conséquence, que le général Moissel et moi allassions prendre une résidence autre part. Le général Moissel arriva précisément à point pour se prendre de querelle avec l'aide de camp, et, afin de témoigner de sa prise de possession, il se mit à fumer dans les salons de la princesse. l Pendant ce débat, je me rendis chez le bourgmestre à qui j'exposai que, le général Moissel étant délogé, il fallait lui fournir une autre habitation. On me donna un billet pour l'hôtel de la comtesse de Bolza, dont le mari était général au service de l’Autriche. Pendant près de trois semaines, je restai dans ce logement sans y voir le général Moissel qui, sans doute, avait succombé dans ses prétentions contre le général Songis. La comtesse de Bolza me logea en face de son appartement; le
(1) Premier inspecteur général de l'artillerie, de l'état-major général. (Note de l'éditeur.)