Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 67
demander mon intervention pour m’opposer à la réquisition de ses deux chevaux et de son cocher, qu'on voulait employer à l'évacuation de l'artillerie de l’arsenal que l’on conduisait en France. Je l’assurai que ses chevaux et son cocher n’iraient qu'à une distance de dix lieues de Vienne; mais, deux jours après, le cocher revint sans ses chevaux, prétendant qu'il s'était échappé la nuit parce qu'on voulait le faire aller jusqu’en France!
Malgré tout le plaisir que j'avais à rester dans cette maison, je partis pour Paris dans une petite calèche, me servant, suivant le cas, de chevaux de poste ou de chevaux de réquisition. Paris était dans l’enthousiasme, comme toute la France ; on portait aux nues la valeureuse armée qui, dans l'espace de trois mois, avait fourni une si longue course et battu les armées réunies de la Russie et de l'Autriche. Partout dans les lieux publics, les officiers et les soldats, fiers de leur victoire, étaient fêtés. On s’empressait autour d'eux, et l’Europe entière les admirait : l’aspect de mon bras en écharpe ajoutait encore à l'intérêt que l’on pouvait me porter personnellement. L'Empereur venait par sa victoire d'imposer silence à tous les partis; il venait de grandir aux yeux de la France : elle ne voyait que sa gloire.
Ma division était retournée prendre ses cantonnements vers les sources du Danube. Le général Walther vint aussi à Paris; j’appris de lui que Collot seul était décoré et que le général Sébastiani avait