Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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d'imagination, et ses indignations font sourire, quand il s’agit de femmes adorables, idoles d’une société de beaux esprits qui ne prodiguait pas ses hommages.

Mie Raucourt faisait partie de la troupe de la Comédie-Française, ainsi que la Préville et la Vestris, sans oublier les acteurs Préville, de la Rive, Grammont de Rozelli. Le rédacteur du Vol plus haut, dans sa préface, raconte que, « transporté en rêve au milieu du ridicule sénat de la Comédie-Française », il a assisté à la conférence des comédiens et comédiennes, qui l'ont défié de diriger contre eux ses traits satiriques. C'est Mie Raucourt qui, dans cette vision fantastique, parle la dernière : « Il n'osera jamais, dit-elle —. Ah! je n’oserai jamais, s'écrie l’indiscret anonyme; nous allons voir! » Alors il se réveille, s’assied « entre la Satyre et la Vérité » et commence son livre. A propos de la Comédie-Française, nous ne citerons qu'un passage où Morande, voulant démontrer que les théâtres privilégiés de la capitale étaient en pleine décadence, compare l'organisation de la Comédie, au temps de Molière, avec les nouveaux usages qui livrent la destinée des auteurs les plus éminents à la capricieuse influence des actrices : « L’admirable auteur du Misanthrope parlait; on se soumettait, sans orgueil, à ses