Trois amies de Chateaubriand

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Juliette eut, mieux que M. de Forbin, Chateau-

briand. Il vint lire chez elle «sa jolie nouvelle espagnole », : I l'avait lue déjà en plusieurs salons; et, notamment, il l'avait lue, un jour, au château de Méréville. C’est lui-même qui le raconte dans ses Mémotres*; et cet épisode a beaucoup d'agrément.

Le château de Méréville était situé en Beauce, et — note-t-1] — « non loin du Marais », — non loin de ce château du Marais où jadis Pauline de Beaumont, qui l’accompagnait amoureusement, promenait au serein sa robe de percale et défiait la mort. Le merveilleux château de Méréville, asile de « doctes fées », avait été bâti par le banquier de La Borde, père de Mme de Noailles?; et celle-ci était alors la « docte fée » de ce splendide séjour. Eh! bien, « ici, les aventures de Blanca et de Velléda furent lues devant d’élégantes générations, lesquelles, s’échappant les unes des autres comme des fleurs, écoutent aujourd’hui les plaintes de mes années ». C'est-à-dire que l’impétueux Aben-Hamet alla lire à Blanca, au mari de Blanca et à ses amis, les aventures d’Aben-Hamet, dernier Abencerage, et de Blanca. L’héroïne et le héros de l'histoire se plurent délicieusement, supposons-le, à cette audace voluptueuse. Et puis, à peu de temps de là, René veut bien recommencer sa lecture. Ce n’est plus, cette fois, pour

4. Mémoires d'outre-tombe, tome IV: p. 331, 2. Voir ' Appendice (E).,