Trois amies de Chateaubriand

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256 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

Hortense mêlant à ses propos « beaucoup de folies et beaucoup de gaieté». Un jour, aux Champs-Élysées, ils croisèrent un enfant qui jouait, courait, faisait du bruit. « Amuse-toi, pauvre petit, tu ne sais pas ce qui t'attend !... » lui dit René, — « vouJant dire la vie », note l’intelligente Hortense.

Au soleil couchant, la Seine et les lointains d'Auteuil sont magnifiques. René s’asseyait au soleil et disait que, de la vie, il ne demandait plus qu'à s'asseoir au soleil... D'ailleurs, il passa toute sa vie ainsi, à déclarer, avec un sincère découragement, que c'était bien, qu'il ne voulait pas davantage, et à désirer autre chose, avec une ardente passion.

Quelquefois, il s’attendrissait sur son âge, qu Hortense oubliait volontiers; et il parlait de sa mort, avec un éloquent chagrin. Hortense note : « Et il aimait de voir mes yeux se mouiller de larmes ».

Hortense lui parlait de la fidélité qu’elle lui garderait. Et René, qui savait comme le cœur est mol et capricieux, lui répondait qu’elle était trop jeune pour employer de ces mots-là. Elle reconnut plus tard la remarquable sagesse de ce doute.

Quand René se sentait un peu libre, ils faisaient de jolies parties. Ils allaient au Jardin des Plantes, alors Jardin du Roi. Le rendez-vous, au pont d’Austerlitz. Grande joie de cette rencontre. Et René souriait, de faire le jeune homme. Ils se promenoient quelque temps sous les arbres du beau jardin. Etpuis, ils allaient diner. Il y avait là un petit restaurant, qui s'appelait lArc-en-Ciel. On leur donnait, au