Trois amies de Chateaubriand
HORTENSE ALLART 261
Hercule, ce héros, filer de la laine à ses pieds. De là, sa patience.
Pendant ce temps, Chateaubriand se livrait, avec une sorte d’amertume orgueilleuse, au dernier et splendide éclat de sa gloire politique. Le 30 juillet, comme il se promenait par les rues en émeute, il arriva près du Louvre. Une fosse était ereusée devant la colonnade. On y déposait les morts; un prêtre, en surplis et en étole, disait les prières. Chateaubriand se découvrit et fit le signe de la croix. On le reconnut. On eria : « Vive le défenseur de la liberté de la presse! » Des jeunes gens le saisirent, le prirent sur leurs épaules et le portèrent en triomphe. Autour de lui, on criait : « Vive la Charte! vive la liberté de la presse! vive Chateaubriand ! » Il répliquait : « Oui, messieurs, vive la Charte! Mais vive le roi! » On ne répétait pas ce cri. De sorte qu’il sentait que la partie était perdue et que, dans son triomphe merveilleux dont il jouissait abondamment, il y avait la fin de sa destinée. Tout de même, les ovations de la foule lui chantaient aux oreilles aussi bien qu’une douce voix de femme. Car la foule est une femme; et les grands voluptueux sont aussi les grands ambitieux.
Il est certain qu’en de telles circonstances Hortense, dont il n'avait pas besoin, l’aurait plutôt gêné. Mais, quand ce fut fini, quand la foule fut rentrée chez elle et quand eut commencé le nouvel état de choses où il n’y avait pas de place pour le défenseur de la légitimité, — alors, Chateaubriand, trop seul,