Trois amies de Chateaubriand
HORTENSE ALLART * 271
J’én suis bien aise, car j'aime cette chanson. »
Tout Paris connut cette visite que Le Génie du Christianisme avait faite au Dieu des Bonnes Gens. Tous les journaux la racontèrent et la commenièrent. Qui donc l’avait révélée? Qui donc? Chateaubriand écrivit à Béranger : « J'avais lu comme vous les articles des journaux. Loin de me trouver offensé que l’on croie que jai cherché le premier un homme de votre talent, je le tiens à grand honneur... » Sans doute! Et l’on peut croire qu’autrement mi les journaux ni le public n'auraient rien su. À grand
honneur et à grande commodité! Et l’on peut croire qu'autrement l’anu d’Hortense ne se fût pas dérangét,
Quelques jours après la visite, Chateaubriand écrit à Béranger : « Je suis aussi vieux que votre admirable Juif, errant; — malheureusement, je ne puis plus courir comme lui et je ne serai pas chanté par vous! » Béranger feignait de ne pas comprendre; et il faisait le modeste, pour se débarrasser de la commande.
Cependant, il allait voir Chateaubriand. Chateaubriand déclarait son intention de quitter la France. Béranger combattait cette idée. Et, brave homme, il s’attristait de l’état où il trouvait le grand homme : « La France n’aura-t-elle pas à rou-
4. Les relations amicales du rénovateur de la religion chrétienne et du chansonnier firent un peu scandale. Ghateaubriand raconte, dans les Mémoires d’outre-1ombe, qu’un vieux Chevalier de Saint-
Louis lui écrivit : « Réjouissez-vous, monsieur, d’être loué par celui qui a souffleté votre roi et votre Dieu. »