Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

AGENCES DE VENISE ET DE PARIS (1792-1796). 101

Comme Mallet du Pan à Berne, le « grand homme » s'était mis en rapport avec les agents étrangers dont il préjugeait les sÿmpathies pour sa cause où souhaitait la coopération. De l'Autriche il n'attendait rien, et en toute occasion signalait la politique indécise et égoïste de cette puissance au sujet des affaires de France (1). Il se fiait peu aux Anglais, coupables selon lui de favoriser indistinctement les royalistes purs et les constitutionnels ; toutefois il lui fallait admettre l'utilité de leur concours dans la Méditerrannée, en Vendée et en Bretagne. Aussi était-il empressé auprès de Worsley, leur ministre à Venise, et entretenait-il une correspondance suivie avec Drake, consul à Livourne. Drake jouait en Italie un rôle analogue à celui de Wickham à Berne, intriguant, semant l'argent, réduisant l'art de la diplomatie à un Delenda Carthago contre la France.

D'Antraigues cherchait avant tout à capter la bienveillance, plus hautement annoncée que sérieusement effcace, de la Russie pour les princes français. Las Casas lui servit d'introducteur auprès des représentants de cette puissance, Lizakévitch à Gênes, Golovkine à Naples.

Lizakévitch, placé près de la frontière française, entretenait avec sa cour, pendant les années 1792 et 1793, une correspondance très active, et curieuse par les détails qu’elle renferme sur les troubles de Marseille, le siège de Toulon, et en général les événements du Midi. Son rôle devint important lorsque Sémonville arriva à Gênes,

(4) Von ihm stammt das berühmte Wort : l'Autriche à genoux devant l’or de l'Angleterre, die Klagen der undankbaren Emigrantem über OEsterreich. (Vivexor, l’ertrauliche Briefe des Freiherrn von Thugut, note 88 à la fin du premier volume, qui commence par ces mots : Der berüchtigte Graf Antraigues, ein Emigrant der schlimmsten sorte, etc.)