Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
108 CHAPITRE TROISIÈME.
et je vous aimerai jusqu'à mon dernier soupir (1). »
L'auxiliaire de Mordvuinov trouvait en face de lui un représentant de la Convention qui le surveillait et le pourchassait comme l’émissaire des princes français et comme un adversaire dangereux. C'était, en 1793, l’ex-abbé Noël, plutôt toléré qu'accueilli par le gouvernement vénitien. Il savait que d’Antraigues avait reçu la: visite de d'Avaray, venu exprès de Vérone; il croyait saisir sa main dans les attentats perpétrés en Valteline contre Maret et Sémonville (2). Ne pouvant obtenir son renvoi, il insérait dans les gazettes des notes où il signalait en lui l'ex-révolutionnaire et le fenant d'une vieille actrice. D’Antraigues riposta en préparant pour le Sénat, de concert avec Las Casas et Worsley, une note où l'expulsion du ministre de France était formellement demandée. Cette double machination avorta, les Vénitiens désirant à la fois ne pas se brouiller avec la France et ne pas décourager ses ennemis.
A Noël succéda Lallemant, fonctionnaire de l'ancien régime, jadis consul à Naples, qui par sa conduite et son caractère possédait plus d’autorité et inspirait plus de confiance. Il fut l'interprète des injonctions menaçantes du Directoire, et réussit à faire éloigner Louis XVIII de Vérone. Il agit moins heureusement contre le serviteur que contre le maître. À trois reprises il réclama l'expulsion de d’Antraigues (3). Le Sénat éluda une
(4) Mme d'Antraigues mère à son fils, 10 septembre 1796. (B. D.)
(2) on Papiers de Barthélemy, t. WI, p. 310-311.
(3) Voir sa correspondance avec le ministre des relations extérieures Delacroix, en 1795 et 1796, principalement ses lettres des 25 floréal et 2 prairial an IV. (4. K., Venise, vol. 252.)
Il s’inquiéta de voir Drake s'installer à Venise, et réussit à pla-