Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
86 CHAPITRE TROISIÈME.
de Brienne, le despote légal de 1788, devenu en 1791 un évêque parjure. Sur celui-ci il dirige une invective en style direct, une philippique cicéronienne; il lui fait la lecon au nom de l Église, et se réjouit hautement de ce que l’ancien ministre ait volontairement perdu l’occasion de se réhabiliter devant les hommes, en repoussant la Constitution civile du clergé.
Entre toutes, les brochures Point d’accommodement et Adresse à la noblesse de France firent de leur auteur le porte-voix de l’émigration naissante. La première fut écrite pendant l'été de 1791, entre l'événement de Varennes et la dispersion de l’Assemblée constituante. Les Feuillants, débordés par leurs amis de gauche, voulaient se rapprocher de leurs ennemis de droite, quitte à transiger avec eux et à refondre dans un sens monarchique la constitution inachevée; mais ils POSE à considérer comme définitives la ruine du cler gé, la destruction de la noblesse et des Parlements, sauf à discuter la création éventuelle d’une Chambre des pairs. A cet ultimatum suppliant d’Antraigues répliqua par une hautaine fin de non-recevoir et par la menace d’une invasion européenne. IL fit lire, en cinq éditions successives, le code de la politique enfantine et violente dont le manifeste de Brunswick devait être la suprême expression. Tel est aussi le sens général de son Adresse à la noblesse de France (novembre 1791), où, sous prétexte de défendre l'ancienne Constitution, il présente comme le soutien nécessaire de la monarchie et le fondement de l’État un ordre de citoyens qui vient de disparaître dans la loi et dans la société. Ne lui parlez pas d’une Chambre haute et du fâcheux pis-aller d'une constitution à l'anglaise ; ne lui parlez plus surtout des républiques confédérées