Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits
D
peuple de citoyens, dont l’âme se trouve naturellement à la hauteur de notre Constitution et qui soient les dignes dépositaires d’une inaltérable liberté. Les bons exemples, les bonnes leçons que peut donner à son troupeau un curé célibataire, ne sont-elles pas perfectionnées, multipliées s’il est lié parle mariage ? Un père de famille ne sera-t-il pas plus respecté, n’aura-t-il pas une mission plus imposante qu’un prétre isolé qui ne tient à aucun nœud civil, qui ne représente que lui-même. De quel poids les leçons d’un époux fidèle, doux et vertueux, ne seront-elles pas auprès des époux qu’il faut rapprocher ; quel ascendant n’auront point les avis d’un père sur d’autres pères pour l’éducation de leurs familles ? Quel ton de nature, de vérité ne prendront pas les instructions d’un ministre du culte qui, toujours environné des siens, s’instruit lui-même dans l’art d'enseigner, de persuader par une expérience de toutes les heures ? Quel avantage, dis-je, n’a pas un tel homme sur celui qui, vivant dans sa maison solitaire, ne parle que d’après ses livres, dont la morale n’est point en action et qui ne peut joindre l’exemple au précepte.
Oublierai-je un trait capital ? C’est que si un mariage bien uni double lexistence, comme on l’a dit, le mariage d’un pasteur double en quelque sorte ses services. La compagne de sa vie partage ses soins, ses devoirs. Elle le supplée, elle le remplace dans une multitude d’actes de bienfaisance, et souvent les conseils, les secours qu’elle donne, elle seule peutles donner.