Un mémoire inédit de Francis d'Ivernois sur la situation politique à Genève audébut de 1791 ....
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deux caisses ; les partisans de la liberté politique ne l’envisageront jamais que comme destinée à rendre le gouvernement indépendant sur l’article des finances.
4° Cet établissement, si utile aux riches dont il fonde la sécurité et préserve les propriétés, s'est cependant enrichi et se soutient encore par les sacrifices journaliers de la classe pauvre que les règlements, mais surtout la misère, obligent à acheter le pain en détail. Je défie d'indiquér comment la classe riche. et même la classe aisée concourent le moins du monde à ses succès. Cependant elles sont appelées à en profiter en cas de calamité. Non seulement cet établissement leur sauve les terreurs d'imagination et les sacrifices pécuniaires qu'impose l'approche de pareils moments, mais elles en retirent même, sans s'en douter. un avantage pécuniaire considérable, non seulement lorsque la Chambre fait exposer ses blés en perte dans les marchés publics, mais parce que l'effet de toutes ses opérations est de maintenir les prix dans une juste proportion et d'en arrêter le surhaussement excessif, ce que l'on suppose sauver annuellement aux acheteurs une somme de 100,000 florins.
50 Vu l'accroissement de la population de la ville, cet établissementest des deux tiers trop pauvre pour faire les approvisionnements suffisants pour parer à une disette de deux années qui est presque toujours la durée de cette calamité. Au reste ce reproche ne peut pas être adressé à nos pères, puisqu'il y a cent ans la population de la ville n'était que de 16.000 âmes. et que l’art de conserver le blé n'était pas découvert. Les approvisionnements, en cas de cherté, ne devaient pas outrepasser le débit de 4 ou 5 années ordinaires. Mais tout a changé dès lors.