Variétés révolutionnaires

338 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

historique gagne à cette nouvelle publication du savant historiographe des Bonaparte, la renommée de Lucien n'en tire qu'un lustre médiocre. Les aveux du prince de Canino sontaussi écrasants pour Jui que pour l'empereur et pour toute sa famille. Lucien avait sa légende: ou se le représentait volontiers comme un philosophe, un républicain égaré dans l’orgie impériale ; en réalité cet esprit léger, intrigant, sans préjugés, sans moralité, n'avait qu'une valeur personnelle des plus contestables. Sans son frère Napoléon, il serait mort très probablement derrière le comptoir des Boyer, dans l'auberge de St-Maximin. Il serait parfaitement entré dans l'état-major de rois à la suite de l'empereur, sans sa seconde femme, l'intelligente et belle Alexandrine Jouberthon, qui prit sur lui dès le pre-mier jour un ascendant incomparable et qui lui inspira la seule action noble de sa vie: sa résistance -aux obsessions de l’empereur qui voulait lui donner -une couronne en échange de son divorce. Et Alexandrine ne se contenta pas de faire à Lucien une vie agréable et douce : après la mort de son mari, elle -prit fait et cause pour sa mémoire, cherchant à défendre le prince de Canino contre les trop justes “critiques de l'opinion, en particulier contre le jugegément sévère mais véridique de M. Thiers. « Ce qu'il y a de mieux dans Lucien, c'est sa femme », dit avec raison le colonel lung. Réduit à ses propres ressources, à ses propres forces, l'histoire nous montre ce que fut Lucien : mauvais citoyen, député