Variétés révolutionnaires

THÉVENEAU DE MORANDE At Paris, où il vécut cinq ou six ans dans le monde des escrocs et des filles. Arrêté à la requête de son père, enfermé d'abord au Fort-l'Évêque en juin 1768, transféré au bout d'un mois dans la maison de correction d'Armentières tenue par des religieux, il fut mis bientôt en liberté après avoir joué la comédie du repentir. Au lendemain de son élargissement, inquiété pour une pièce de vers contre M. de SaintFlorentin, le dispensateur des lettres de cachet (c'était un heureux début), il s'enfuit à Bruxelles et passa en Angleterre. Morande s’y lia avec la tourbe des refugiés de toute nation qui avaient préféré le séjour de Londres aux galères de leurs patries respectives. Le jeune Bourguignon trouva promptement sa voie; s'inspirant de l'Arétin, le Fléau des princes, il voulut mettre le scandale en coupe réglée et se faire des rentes en diffamant les gens en place dans des pamphlets fortement relevés d'anecdotes licencieuses. En août 1771, il lança son premier brûlot, le Gazetier cuirassé, « imprimé à cent lieues de la Bastille, à l'enseigne de la Liberté ». Il est difficile d'analyser cet écrit, dont le succès fut éclatant et rémunérateur, avec ses suppléments ; les Mélanges confus sur des matières fort claires, et le Philosophe cynique. Les aventures galantes des filles d'opéra y tiennent une trop large place, et peu de détails s'en pourraient citer. Morande avait à Versailles, dans ce que nous appellerions aujourd'hui l« opposition », des correspondants de marque qui le tenaient au courant de la chronique de la cour

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