Variétés révolutionnaires

58 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

été mieux inspiré que ne le sont beaucoup d’éditeurs de mémoires.

François Cognel et ses camarades Jacquinot et Thiry quittèrent Nancy le 7 mai 1787 par la diligence, la pluie les ayant empêchés de se mettre en route à pied comme ils en avaient formé le dessein. Après une semaine de voyage à petites journées, tantôt à pied, tantôt en cabriolet découvert, voyage dont le principal incident fut la connaissance faite, à l'hôtel des Trois-Rois, à Meaux, avec « un poisson de mer nommé maquereau », les trois amis arrivèrent à Paris le 15 mai à neuf heures du matin, par la plaine de Pantin. Il y avait alors de ce côté-là moins d'usines qu'aujourd'hui ; aussi les environs immédiats de la ville leur parurent-ils très gais, et très animés ; Young avait eu l'impression opposée. Descendus rue Montmartre, à l'hôtel d'Artois, vis-à-vis les diligences, ils ne tardèrent pas à commencer-leurs promenades à travers Paris.

Par où auraient-ils débuté, si ce n’est par le Palais-Royal, le vrai centre de la vie parisienne à cette époque ? L’impression produite sur leur esprit par l'aspect du palais et des jardins fut profonde ; les boutiques brillamment illuminées, les restaurants, les cafés, les galeries encombrées de filles élégamment déshabillées « mais se promenant avec décence », leur apparurent comme un eldorado, surtout les grottes anglaises et flamandes où l’on servait des soupers exquis, non sans danger pour les convives, étant donnés les accessoires complai-