Bitef

Les exemplaires imprimés étaient tous vendus et on pouvait ainsi récupérer les dépenses.

Beyrem, ne se sentait-il pas un peu isolé et incompris au sein du groupe de Taht As-Sour?

Il l’était en quelque sorte parce qu’il avait une conscience plus aiguë de ce qu’il fallait taire. Il était moins défaitiste que ses amis et plus idéaliste.

Quelques séquences, en égyptien? Comme Tunisien, et devant un public tunisien à l’ouverture du Festival d’Hammamet, n’auriez-vous pas dû vous exprimer dans la langue de votre public?

C’est tout à fait impossible dans la mesure où j’ai voulu exprimer davantage l’oeuvre de Beyrem lui-même. Il voulait écrire les choses telles qu’on les reçoit et telles qu’on doit les communiquer à un public qui a un parler spécifique . .. Justement. . .

En Egypte, il a écrit en égyptien, en Tunisie en tunisois. Voulant reprendre sa manière d’écrire, j’ai voulu rester fidele autant que possible au milieu linguistique dans lequel il avait évolué. Oui, et alors ~.

De toutes les manières, je considère que le parler égyptien n’est qu’un parler qu’on peut comparer à n’importe quel parler de Tunisie. Si demain, je m’intéresse à un poète du Jérid, je ferai en sorte qu’il s’exprime en jéridien. Il est donc inconcevable que demain on fasse parler un jéridien comme un tunisois ou un sfaxien.

Ne coupez-vous pas un peu, comme on dit, les cheveux en quatre: ou je bloc monlithique du classique ou la mosaïque des parlers régionaux

De toutes les manières, voulant retrouver la richesse linguistique et les possibilités d’expression de la langue arabe, je voudrais qu’on rédécouvre les dialectes et tous les dialectes, pour faire un travail de prospection et de comparaison. Ceci nous amènera peut-être un de ces jours, à avoir un parler commun à l’échelle de la Tunisie et du monde arabe en général, les moyens audio-visuels attant. Il faudrait éviter de tomber dans une langue pauvre, anémiée, celle des bureaux. Dans cette opération il n’y a aucun folklorisme mais une attention au parler de ses voi sins qui appartiennent à la même aire de civilisation. Autant il n’y a pas de différence entre le parler d’un Marseillais et celui d’un Bruxellois, autant il ne doit pas y avoir de différence entre le parler d’un tunisois et d’un Damascène. Il se trouve qu’actuellement les dis tances sont importantes et pas seulement les distances kilométriques. Mais avec ce qui se fait au niveau des mass média et des échanges culturels et autres, on devra aboutir à rompre un certain nombre de barrières, comme l’on doit déjà rompre les barrières existant entre le parler d’un tunisois ou d’un jéridien. Comment avez-vous rédigé »Soif« à partir de l’oeuvre et de la vie de Beyrem?

J’ai lu l’oeuvre et j’ai consulté la biographie de Beyrem en m’adressane partais à des personnes qui l’avnient connu et qui vivent encore dans notre pays. A partir de là, j’ai voulu démontrer la dualité qui existe en chaque artiste. Il se sent aussi marginal que nécessaire à sa société. Tantôt il est pessimiste quant à l’important ce de son rôle, tantôt

il croit qu’il es capable de renverser des montagnes. J’ai mis sur scène deux personages. Douagi et Beyrem bien proches par pluseurs côtés. Douagi s’est laissé entraîner par son défaitisme, Beyrem a voulu rester fidèle à lui-méme. Dans la piece, Douagi fait jouer la vie de Beyrem par l’ensemble des passagers de monde arabe qui se trouvent sur le bateau dans l’intention de leur faire sentir l’importance d’avoir un artiste de la trempe de Beyrem. Pour parier de la vie de Beyrem, j’ai eu recours a ses poèmes sur la situation du monde arabe de l’époque et j’ai essayé de montrer les moments emociaux et les plus édifiants dans la vie et la lutte de ces écrivan. J’ai écrit des poèmes intégrés dans »Soif« et inspirés de l’oeuvre de Beyrem mais ils sont de ma propre composition. Il y a aussi la construction de la prèce, les dialogues tels que le Roi Fouad, les Ambassadeurs Français et Britannique. Ils sont caricaturés mais à partir d’une certraine réalité, démarche qui rejoint un peu celle du caricaturiste Ali Douagi.