Bitef
partie des réjouissances dominicales que vous brocardez dans votre pièce? J.D. Plus que le dimanche c'est le rituel de la joie institutionnalisée organisée ce jour-là. Quand on se met en costume du dimanche, qu'on va chercher les petits gâteaux, qu’on fait tout pour qu'il y ait de la joie et que finalement c'est triste à pleurer. L.M. Souvenirs d'enfance? J.D. Oui et non. Le théâtre pour moi n'est ni autobiographique ni réaliste. Je ne fais jamais de reconstitution de la réalité, ni du quotidien sur scène. Ce qui m'a toujours surpris et que j'as voulu raconter ce sont ces cérémonies inventées spécialement pour s’amuser. Comme si on devait programmer la joie. Tout le monde dit par exemple que le Tour de France c'est la fête du vélo, mais pour moi c'est les papiers gras, les
foules qui s'entassent, la sono à vous crever les tympans. Abominable. Et la fête de l'Huma dans le genre, c'est pas triste avet les chapeaux Ricard, les gobelets en carton dans les odeurs de merguez. A vous flanquer la déprim. Pour moi ces fêtes c’est une forme de violence. L.M. Vous aviez tiré à boulets rouges sur l'animateur de M.J.C. dans la Veillée, sur les joies du dimanche quelle sera la prochaine cible? J.D. Je suis en train de concocter une pièce en hommage au troisième âge: »Les Petits pas« que je monterai aux Bouffes du Nord. Hommage aux »vieux« mais qui n’engendrera pas la sinistrose. □ M. J. Dufour, Lyon-Matin, 23. april 1986.