Bitef

souffrsnce par la voix d un chanleur, un démon à crécelle et à lonne queue, terrassé par un ange blanc et triomphant, une machine infernale qui sert de piédestal au dictateur. Taureau pitoyable ou taureau terrifiant, Taureau de Guernica, hoir taureau de l’Espagne qui porte en lui tous les démons, tous les monstres, mais aussi tous les morts et la Douleur du monde; taureau réunissant tous les contraires, toutes les ambivalences: principe de vie et principe de mort, Lune et Soleil, homme et femme. Multiple et ambigüe elle aussi, la figure féminine s'affirme et se précise dans ce spectacle de La Cuadra. Tantôt femme-taureau, bossu et victime, elle affronte la force virile des toreros, tantôt Maja à demi vêtue, effrontée, pro ocante, sortie tout droit des tableaux de Goya, elle nargue l'homme au moyen d'un pantin désarticulé, jouet érotique, substitut dérisoire de la virilité. Puis elle est la veuve vêtue de noir, la mère impuissante et désolée, tragique, Elle apprarait aussi sous la forme blanche, éclatante, d'un torero, archange féminin qui triomphe du

taureau-démon. Elle revient sous les traits de la rebelle révolutionnaire, passionaria dressée face au Dictatuer. Résignées ou combatives, victimes ou destructrices, ces femmes sont peut-être les multiples facettes d'une seule et même femme, forte, contradictoire, riche de tous les possibles, De même chez le torero, ce fou suicidaire, cohabitent l’Art et la Cruauté, la violence sanglante et la lenteur la plus suave, le courage et la peur, la folle attirance vers la Mort et le désir, éperdu d’en recu-ler les limites. Et dans le corps à corps tournoyant du taureau et du torero, soudain, le temps s'étire, s'arrête. Ce qui ne dure que quelques secondes (le temps d’une faena) dure l'éternité. La force et l’art s'épousent, dans une hypnose réciproque. Qui est l'homme, qui est la bête? Qui est le bourreau, qui est la victime? Qui est le mâle, qui est la femelle? Etrange couple où les sexes s'inversent et s'abolissent, où une sorte d'amour désarme toute haine, renversant les lieux communs et les idées toutes faites, par une fusion équivoque de contraires, indissociables.

Ce n'est certes pas un hasard, ni un simple clin d’oeil si l’affiche de Piel de Toro représente un minotaure; sombre et rêveur. Sans doute donne-t-il à la fois la clef du spectacle et le sens profond de la Corrida? Peut-être est-il aussi une image symbolique et synthétique des deux Espagnes enfin réunies; Ange et Démon, Vie et Mort, si forte et si faible, virile et féminine, obscure et lumineuse, blanche et noire? ô mur blanc de l’Espagne! ô noir taureau de peine! (cf Lorca: Chant Funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias) □ Chantal Albertini, 28 Mai 1985,

Piel de Toro Plastičan koncept Piel de Toro (Bivolja koža) pre svega je predstava koja u pozoriśni prostor želi da uvede stvarni

dramski takt našeg najdrevnijeg iberijskog obreda: borbe s bikovima. Da bih taj prelazak iz arene u pozorište učinio mogučim, tražio sam podatke, preturao po pamčenju, iskopavao uspomene isto onako kao kad su se radale zamisli za moje ranije predstave, sledeči u razradi tog dramskog takta zanatski i impulsivan put koji mi je dobro znan, iako moram da priznam da su ti impulsi nešto prečiščeni posle četrnaestogodišnjeg iskustva. Učinilo mi se da su u globalnom konceptu predstave neophodna dva scenska imperativa. Prvo, trebalo je potpuno zaboraviti scensku postavku na italijanski način. Razvoj radnje u Piel de Toro, u prostoru svojstvenem obredu borbe s bikovima, ne proizlazi iz nekog intelektualnog i samovoljnog geometrijskpg koncepta niti polaže pravo na to da predstavlja neko pozoriśno otkriče. U pitanju je jednostavno, fizička potreba. Drugo, trebalo je približiti se opasnosti, uvesti u pozorište opasnost sadržanu u borbi s bikovima, dovesti tu opasnost u vezu sa

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