Bitef
offener Bühne hartgekocht, immer wieder in die Bewegungsabläufe integriert, zu Jonglierbällen umfunktioniert - ein atemberaubendes Spiel mit Symbolen von Fruchtbarkeit, Leben, Fragilität. Auch diesmal verzichtet Vandekeybus nicht auf akrobatische Hilfsmittel. Stühle, hängen an Ketten in der Luft, verknotete Hängematten werden von Darstellern betumt. Die geometrisch abgezirkelte Akrobatik, das kühle Styling, die manchmal an den ehemaligen Lehrmeister Jan Fahre erinnerte, ist einer erfrischenden Leidenschaft gewichen, die zwischen Gewalt und Romantik changiert. Diese sehr persönliche Annäherung an ein Gesicht, an einen abwesenden Menschen, der dennoch durch seinen Witz, seine Lebens- und Todesweisheit spürbar die ganze Arbeit prägt, trägt unverblümt Augenblicke des Scheitems in sich. Vieles bleibt sondern bloß Einfall in einer sonst dichten Textur des knapp eineinhalbstündigen Abends. Begeisterungssturm Sicher werden die Bewegungsabläufe und Bilder, die in der Endphase der Arbeit in den letzten drei Wochen in Salzburg erprobt wurden, noch mehr zusammen wachsen, ineinandergreifen. Die internationale Truppe von Wim Vandekeybus sowie der Choreograph selbst schienen jedenfalls erleichtert, daß der Premierendruck vorüber war, und nahmen erschöpft und lächelnd den nicht endenwollenden Begeisterungssturm des jungen und bunten Publikums der Salzburger Sommerszene entgegen. □ Gernot W. Zimmermann, Der Standard, 20. 7. 1991.
Le cœur tatoué de Carlo Tête blanche découpée en contre-plongéc sur ciel bleu, le vieil homme souffle à tout vent les graines volatiles d’une fragile boule blanche de pissenlit et insiste obstinément pour qu’avec elles s’envolent le cœur dénudé, et les feuilles... Du doigt, il montre les photos jaunies de ses souvenirs. Il boit, fait sa gym, fume. Le port de Hambourg dernière lui divague les remous de ses cargos qui quittent le chenal. Black. Cinq garçons, assis par terre, ont éteint les images
de leur petits projos super 8. Leurs corps et leurs jeux vont nous offrir sur le plateau l’âme palpitante du vieux, enfant fragile et griot sage, éclaboussant de rire, de fantaisie, de gravité. Il s’appelle Carlo et tout le spectacle dessine son portrait vivace. Un jour, Wim filma ce vieux monsieur avec un chapeau brun, assis sur un banc, rêvant face à la mer. Carlo a 88 ans. Il chante que son cœur n’est pas encore froid, raconte qu’il a fait tous les métiers: plongeur dans un grand hôtel, vendeur de cigarettes, ramasseur de quilles dans un bowling, peau-rouge à l’entrée d’un cinéma ~. Wim veut faire de lui un portrait filmé et tourne des heures de pellicule, fixe des heures de récits, chansons et conversations... Beaux mensonges Deux ans plus tard, au Soramerszene de Salzbourg, c’est un spectacle qui naît. Il s’appelle “Immer Das Selbe Gelogen”(Toujours les mêmes mensonges). Carlo y est roi et les actcurs-danseurs, ses complices en tendre malice, en douce philosophie. Vandekeybus partage avec nous sa rencontre de feu, par le mouvement, l’image, le théâtre... Plus qu’un éphémère spectacle, “Immer Das Selbe Gelogen” est le cadeau joyeux et généreux d’un vieux cœur tendre et solitaire, tatoué de jeunesse, d’une rê-
verie quotidienne, fantaisiste, chaude et colorée. Avec toute sa puissance théâtrale, avec toute la fougue et la sensibilité des huit acteurs-danseurss de sa compagnie “Ultima Vez”, Vandekeybus faille une perle fine, émouvante, rieuse et fragile... La complicité des “Boys” Il y a Octavio Iturbe, l’assistant artistique de Wim, doux Mexicain au sang métissé d’indien, qui monte pour la première fois sur scène avec la compagnie et ressemble parfois à un mystérieux chaman. Il y a Peter Kern, le long Viennois, qui ondule, genoux pliés, une drôle de danse circonvolutoire et minimaliste qui, paraît-il, exorcise les esprits de la mort. Il y a Simone Sandroni, l’ltalien râblé et palabreur, vif et fragile; et Branco Potočan, le sombre Slovène racé, agile et volontaire, il y a Wim Vandekeybus, l'énergie de ce cœur qui bat. Les cinq “boys” ne sont plus ces jeunes rebelles, ragazzi survoltés qui luttaient pour leur survie dans “Le Poids de la main”, synthèse des deux premiers spectacles de Vandekeybus. Ici le temps est plus doux et son balancier moins percutant. Les mouvements l’habitent avec plus de sérénité et moins de trépidance. Comme si la danse se réveillait de ces jeunes impatiences, se lovait au creux du
quotidien fait fête. Légers, vifs, gracieux, les hommes s’enroulent les tailles, vrillent les roulés, s’agrippent les vestes comme les boxeurs s’enlacent pour calmer les coups. Ils s’élancent, se prennent et se déprennent sans agressivité, avec vigueur au douceur. Ils sont mus par le souffle vocal que l’ancienne danseuse de la compagnie, Charo Calvo, musicalise en spasmes gutturaux, comme pour rythmer une dionysiaque possession. La folie des “Girls” Les filles sont plus solitaires et parfois carrément hystériques. Elles sont princesses folles des trois hamacs ocre, ivoire et olive, suspendus aux cintres. Elles y rêvent, agitées, elles s’y abandonnent au sommeil, s’y balancent dangereusement. Elles y entravent gaiement le parcours des hommes, porteurs de dizaine d’œufs. Lieve Meeuwsen, la petite Flamande pâle et lunaire, tournoie, dans ces filets transparents, des cumulets argentés de crépuscule. Grace Bellel est aussi lumineuse qu’un modèle de Gauguin, sauvage, angélique et désarmente. Lenka Flory, la blonde Tchèque, plus solide, plus carrée, plus terrienne, danse plus rude et plus co???ant. Alors que les “Boys” paraissent si légers, le trio des filles ressemble à un envo???sommeillé de plus cohérant. Alors que les "Boys” cauchemar que toujours le pesantourmentées de la nuit, ces somnambules frôlant les gouffres que les garçons évéillés ravissent au danger et recouchent dans les hamacs telles des fillettes endormies. Magie sorcière Toute la pièce, dont les textes dits en allemand, slovène, italien, anglais, flamand, viennent du vieux Carlo, frissonne de poésie, de magie, d’irrationneis décalages et de rires. Dans cette atmosphère solaire, les musiques de Peter Vermeersch interprétées par son groupe Х-Legged Sally et les éclairages de Gerhard Maraite, sont pour beaucoup. Le compositeur du groupe flamand a musicalisé la voix rauque du vieux Carlo, il l’a habillée d’arrangements qui font de ces mélopées des rengaines populaires, joyeuses ou nostalgiques. Les couleurs de ce portrait scénique sont dues à Isabelle Lhoas, La jeune costumière a réalisé un immense rideau cousu de dizaines de robes chamairées de jeunes femmes années 50. Moelleux, il sert de tapis à la danse des hommes avant de se reti roi* comme une marée rougeoyante, une coulée de lavé et de se relever en chaude et rémissante toite de fond que caressent les lumières en surface, de côté ou en transparence... “Immer Das Selbe Gelogen” se donne avec dou-