Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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avons vu de quels outrages elle poursuit la Révolution et les « avocats, » « cordonniers » et « savetiers » de « l’hydre aux 1200 têtes. » Elle s'en tient à ces généralités. « Les démocrates français, dira-t-elle, sont en démence, ne leur en déplaise ; » elle le dira sur tous les tons. Mais elle ne s'inquiète aucunement des individualités qui tonnent à la tribune nationale ou qui gèrent les destinées de la France. Sa correspondance est presque muette sur les hommes qui de 1788 à 1796 occupèrent le pouvoir en France. Catherine est également sobre d’appréciations sur les constitutionnels et sur les révolutionnaires; entre eux, d’ailleurs, elle ne fait pas de difiérences ; à peine établit-elle quelques nuances. L'odieux de la guillotine ne lui arrachera même aueune parole de pilié pour ceux qui en seront les victimes. Elle n’a pas prononcé le nom de Danton quand les pouvoirs publics subissaient son influence ; elle ne le prononcera pas davantage, bien qu’il soit difficiled’admettre que cenomlui fütinconnu,quand Danton montera à Péchafaud.Ellecondamne les « frénésies » révolutionnaires, mais elle ne veut pas savoir quels sont les « faiseurs » qui tour à tour traversent l’arène politique. Législative, Convention, Comité de Salut public,Girondins,Plaine, Montagne,elc., sont autant de mots qui lui restent étrangers ou de la signification desquels les nuances lui échappent. Ils sont absents de sa correspondance.

Il existe cependant quelques exceptions à cètte règle.

Dans la foule des hommes qui apportèrent le contingent de leur activité et de leurs forces à la défense des idéeslibéralesou des principesrévolutionnaires, certains