Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MÉILHAN 931

arrêtèrent passagèrement l'attention del’Impératrice. De ce petit nombre La Fayette et Bailly. Nous avons dit que Catherine admira La Fayette tant qu'il n'avait à son actif que les lauriers de sa glorieuse expédition américaine; elle l’invita même à lui rendre visite en Russie; elle le renia quand il eut pris son attitude constitutionnelle et quand il eut pour lui la faveur populaire. De Baïlly elle a lu les ouvrages et elle en a fait un cas infini; aussi son nom revient-il assez fréquemment sous sa plume. Grimm a demandé pour lui une médaille, puis une tabatière, et la Tsarine à approuvé l’idée de son « souffre-douleurs. » Mais cet engouement est de 4788 ; quand elle apprend que Bailly est maire de Paris, vite elle revient sur sa décision première, et elle défend à Grimm de remettre son portrait, — «le portrait de l’Impératrice la plus aristocrate de l’Europe, » — à un pareil « maire du palais démonarchiseur. » (4)

Et Danton n’est pas le seul dont elle ne prononce même pas le nom. Ilen est ainsi de presque tous les hommes de la Révolution. « Je suis la bête noire des Jacobins, » écrit-elle à Grimm, mais elle ne nous dit pas où commence le Jacobin et où il finit. À ses yeux, tous ceux qui sont plus ou moins imbus de l'esprit nouveau sont daffreux Jacobins. Turgot n’a pasété son homme. Mallet du Pan n'est qu'un « déclamateur ; » outre cela, « bavard et ennuyeux au possible, » et aussi « haïssable » que Necker qui en 1795 n’est plus que « très vilain et bête. »

(1) Lettre à Grimm du 22 juin 1790.