Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABFAU, SÉNAC DE MEILHAN 233

à Grimm s’il a jamais connu « ce vilain abbé Sieyès qui doit avoir été un des grands faiseurs en France. » Grimm Ja satisfait, mais ne lui fait pas l'éloge du conventionnel. Le 44 avril 1795 elle lui répond qu’elle a lu son « fatras » de nouvelles, et qu’elle souscrit très volontiers «à la pendaison de l’abbé Sieyès. »

S'il est un homme qui personnifie le régime de la Terreur, c’est bien Robespierre; ses satellites furent des subalternes. Croira-t-on que Grimm ne parle de « Robertspierre » qu'en 1795 9 Aussi Catherine ne prononcet-elle ce nom qu’une fois ; c’est pour dire que le prince Henri la met « en rang d'oignon avec Robespierre. » Elle rétablit du moins l'orthographe du fameux Jacobin.

Philippe-Égalité est le seul qui ait le don d'exciter sa verve. Traître à la cause monarchique, elle a pour lui moins de ménagements que pour n'importe qui. La Gacelte de Pétersbourg dira de lui en 1700 : « Il fut l’un des pires meneurs, nés pour la honte et le malheur des hommes. » Si le mot n'est pas de l'Impératrice, elle ne l'eut pas désavoué. Elle hait Orléans plus encore que Robespierre et que Marat.A ses yeux celuiqu’elle appelle

« Philippe Capet» ou le € sieur d'Orleans» est un

horrible monsire. Voilà à peu près à quoi se réduisent les confidences

de la Tsarine sur les hommes qui servirent la Révolution, soit à ses débuts, soit au moment de ses triomphes. Il va sans dire que si elle prédit pour la France un sauveu, elle nele vit jamais. Comme celui de Danton, comme celui de Marat, le nom de Bonaparte est absent

de sa correspondance. Deux hommes cependant semblèrent faire sur l’Im-