Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABLAU, SÉNAC DE MEILHAN 261

comte de Lameth l'accueil le plus empressé quand il lui fut présenté par Ségur, le trouva un des plus dangereux enragés de « la frénésie gauloise. »

On connait cependant l'attitude des Lameth à l’Assemblée nationale. À quelques nuances près, ne furent-ils pas, avec Mirabeau les représentants les plus autorisés du Tiers-État, de ceux qui tentèrent « de concilier les droits traditionnels de la couronre avec les libertés indispensables à la nation ? » (1)

Mirabeau fut l’éloquent défenseur de cette politique de conciliation. S'il eut vécu, et si la Cour se fut prêtée de bonne grâce à ses vues constitutionnelles, au lieu de le combattre sourdement, peut-être eut-il épargné à Louis XVI la chute finale. « Mirabeau, a-t-il été dit justement, avait déchainé la Révolution, il prétendait la diriger ; il se sentait de taille, et la vérité est que, si l'œuvre n'avait exigé que du génie, il était fait pour l’accomplir. » (2)

Lui seul, était capable, sinon de sauver le roi, du moins de ralentir la fin de la monarchie française, et de greffer sur l’ancien régime le gouvernement de tolérance, de liberté et d'égalité poursuivi par les vœux de la nation. Aussi Mirabeau mort, sa place vide fit-elle éprouver un serrement de cœur à tous ceux qui, compréhensifs de la gravité du mouvement quise préparait, l'avaient jugé seul capable d'arrêter le torrent et de diriger le courant. « La marche des délibérations surtout,

(4) M. Alfred Rambaud. (2) M. Albert Sorel.