Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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révélait toute l'étendue de la perte que la tribune avait faite. C’était la même armée ; mais elle avait perdu son chef. Sa voix gouvernait l'Assemblée, son génie seul était une majorité. » (1)

C’est cet homme que l’Impératrice, avec une entière ignorance des choses de France, désavoua à l'unisson des autres constituants.

Est-ce parce que Mirabeau a qualifié la société russe de son temps de fruit précoce d’une « serre chaude couverte de neige, » que Catherine se livre contre lui à ses habituelles attaques ? Nous savons Catherine très sensible aux jugements que les étrangers portent sur son Empire et son gouvernement comme sur sa personne. Ce n’est pas seulement parce que Rousseau a écrit /e Contrat Social et s’est posécomme l’énergiqueadversaire des traditions monarchiques, qu’il a déplu à la Tsarine ; c’est aussi parce que dans son Contrat Social il a pris à partie Pierre le Grand, et parce qu’il a écrit sur le relèvement de la Pologne un travail qui va à l’encontre des vues ambitieuses de la Russie, On connaît l’histoire de l'abbé Chappe d’Auteroche, qui dans son Voyageen Sibérie avait

(1) Ainsi parle dans son Journal, un témoin quotidien dés séances de l’Assemhlée nationale, Stanislas de Girardin, qui fil partie de l’Assemblée Législative dont il devint le Président, et qui sous le Consulat, l'Empire ainsi que la Restauration, oceupa avec une grande distinction les postes les plus élevés. Stanislas de Girardin était un esprit libéral qui échappa par miracle aux excès de la Terreur qu'il avait courageusement condamnés. Son Journal qui se rapporte aux années 4790 à 1827 sera prochainement publié par nos soins et par ceux de son arrière-petit-fils, le comte Fernand de Girardin,