Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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l’entêtement du roi ainsi que briser la volonté de son entourage, il eut peut-être épargné à la Révolution quelques journées sanglantes. Elle n’a pas vu que Mirabeau fut «le plus sage politique » de la Révolution en même temps que son « plus grand orateur » (1) Un an aprèssa mort, le 14 avril 1792, quand elle apprend que Voltaire et Mirabeau ont été portés au Panthéon, affecté à la sépulture des grands hommes, elle écrit à Grimm : « Je crois que Voltaire aimerait mieux de rester là où on l’avait enterré que de se trouver en compagnie de Mirabeau à Ste-Geneviève. Mais quand est-ce donc qu'on mettra fin à toutes ces scélératesses ? »

Il résulte de ces appréciations que Catherine n’apprécia jamais Mirabeau. et que si elle s'adressa à lui, par l'intermédiaire de son ambassadeur, ce fut à contrecœur, et parce qu'elle savait toujours faire plier ses préférences personnelles devant l’intérêt de sa politique.

En ce qui concerne son jugement sur la Révolution, ce que la Tsarine nous dit à propos de Mirabeau, est un témoignage de plus qu'elle n'établit jamais de différences entre ceux qui voulurent bâtir le régime moderne sur les ruines fumantes de lamonarchie française, et ceux qui entendaient concilier l'esprit nouveau avec la tradition de lhérédité monarchique.

Les Russes de la fin du XVII siècle ne connurent la Révolution française que par les émigrés qui affluèrent en Russie, et par les violentescritiques quela Gazette de St-Pétersbourg porta sur elle. À l'exemple de leur Impé-

(1) M. Edmond Rousse.