Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

I

SÉNAC DE MEILHAN (1)

L’Impératrice Catherine n’aimait pas la France, par jalousie peut-être, la politique de Louis XV ayant toujours contrarié les vues de la Russie. Mais elle lui enviait la gloire de ses littérateurs ; aussi est-ce pour ses hommes de lettres, plutôt que pour ses hommes d'Etat, qu’elle se prit à un certain moment d'une affectueuse sollicitude.

Mais que de différences dans la façon dont elle accueillit les écrivains et les savants qui lui rendirent visite à St-Pétersbourg! Diderot et Grimm furent entre tous, ceux auxquels elle réserva le meilleur aceueil. Et comme

(1) Les lettres de Catherine II à M. de Mordwinof et à Sénac de Meilhan, que nous donnons ici, et à l’aide desquelles cette étude a pu être écrite, ont été publiées en 1885, par la Sociélé Impériale Historique Russe. Nous croyons qu’elles n'ont pas encore élé éditées en France, et la critique historique qui s'est occupée de Catherine, et pour cela s’est surtout jelée sur les « pancartes » de la Tsarine à Grimm, s'est encore très peu servie de celles que la souveraine adressaità Sénac de Meilhan. Cette correspondance n’est done guère connue que des lecteurs, en nombre restreint, du Recueil de la Société Impériale Historique Russe.