Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 273

ses entretiens avec Diderot diffèrent cependant de ceux qu’elle eut avec Grimm |

A Grimm, d’origine allemande comme elle, mais dont l'esprit s’est assoupli aux goûts français, aussi bien que celui de l’Impératrice s'est acclimaté à l'atmosphère russe, elle s'ouvre de ses divers projets, lui communiquant les préoccupations les plus intimes de sa politique et parfois de son cœur ; en ce qui regarde Diderot, elle subit le charme de sa parole, mais elle se garde de ses utopies, et n’en fait pas moins à sa tête; c'est à la russe qu’elle juge des choses de son gouvernement, tandis qu’elles sortaient à la française du cerveau de l’encyclopédiste.

Les rapports de la Tsarine avec Sénac de Meilhan sont d'une bien autre nature. Grimm possède toute la confiance de la souveraine. Diderot l'acquiert aussi ; il la doit surtout à l'éclat de sa réputation; puis il la perd bientôt. Sénac de Meilhan n’obtiendra jamais cette confiance. De Meilhan, en effet, n’a ni l’autorité de Diderot, ni celle de Grimm ; ses ouvrages sont dans la pénombre.Il faut que la souveraines’informe pour le connaître, quand il lui écrira et se présentera à elle. 11 n’arrive pas à Pétersbourg précédé d’un cortège d'œuvres supérieures. De plus, son voyage est de 1791, et il y a loin, nous l'avons vu, de la Catherine de 1774 à celle de l’époque révolutionnaire.

Enfin, et c'est là la cause principale de l'indifférence qu’elle témoigne à Sénac de Meilhan, Catherine II n’a

pas cherché à entrer en relations avec lui ; elle ne la 18