Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 277

jeune âge fut initié à ses intrigues, à ses bassesses, à ses scandales. Cest là qu’il prit des allures libertines qu'il garda toujours, ce qui a fait dire à Sainte-Beuve : « La corruption du siècle et de la Cour l'avait atteint au cœur ; la nature de son esprit s'en ressentit. »

Sénac de Meilhan eut des ambitions politiques et des ambitions littéraires, 11 fut d’abord intendant des provinces d’Aunis, puis de Provence, — Marseille a ses allées de Meïlhan, — et il arriva promptement intendant des provinces du Hainaut. Il fit enfin un court passage au Ministère de la guerre en qualité d'intendant général des armées du roi.

Sénac de Meilhan vaut surtout par ses ouvrages, mais pour lui la carrière littéraire avait pour but de le servir dans la carrière administrative et politique. Il débuta par ses « Mémoires d'Anne de Gonzague, princesse Palaline, » où intentionnellement il imita assez peu le style de la Princesse, pour laisser deviner sa supercherie littéraire. Ses « Considérations sur la richesse et le luxe, » qu’il écrivit pour combattre les doctrines de Necker, attirèrent sur lui l’attention publique, mais ne lui donnèrent pas le poste de contrôleur-général des finances auquel il visait. À l’avénement de Louis XVI il avait pensé que le nouveau roi ferait appel à ses lumières : il n’en fut rien, quoiqu’à vrai dire, en 1788 il ait été sérieusement question de son entrée au contrôle général. Il se vit préférer Calonne, Brienne, Necker, C’est le banquier genevois surtout qui lui barra le chemin du pouvoir ; aussi tous ses écrits respirent-ils contre lui la haine la

plus vindicative. 18.