Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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Les autres ouvrages de Meilhan furent ses « Considérations sur l'esprit et les mœurs, » qui parurent en 1787, et « Du Gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution, avec le caractère des principaux personnages du règne de Louis XVI. » Le premier le classe parmi les moralistes ; le second parmi les politiques théoriciens. Malgré leurs lacunes, ces ouvrages méritent encore d'être consultés. M. de Lescure nous dit que, « supérieur, en finesse du moins, à Duclos, Sénac de Meilhan fut, après La Bruyère,le meilleur et le plus vif de nos moralistes observateurs. » Soit, mais bien après La Bruyère, et pas trop loin de Duclos.

L'infériorité du moraliste chez Sénac de Veilhan se trouve dans la nature de la société qu'il observe et qu’il nous retrace. Il ne fréquenta que la société élégante et corrompue qui « a son quart de loge à l'Opéra, joue au loto et soupe en ville.» M. de Lescure nous avoue que pour mieux comprendre les hommes de son temps, « il prit le parti de leur ressembler. » Il y réussit si bien que ses livres comme sa vie s'en ressentent. Duclos, il est vrai, nous a déjà dépeint cette mème société, mais Sénac vient après Duelos, et dans l'intervalle la dégénérescence du sièele s’est accentuée. C’est donc cette s0ciété vicieuse de fin d'époque, au caractère qu’il appelle seæagénaire, que Sénac de Meilhan fait revivre. Est-il surprenant, dès lors, que ce philosophe passablement égrillard, (4) qui « ignore les sous-entendus ou les

(4) C'est Sénac de Meilhan qui ose rapporter ce mot cynique, lequel est de son frère, Sénac, le fermier général, Celui-ci dit un jour à sa femme : « Je vous permets tout excepté